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Développer le solaire permet-il vraiment de diminuer les émissions de CO2 ? – Habitat Carcassonne

Selon deux études récentes, augmenter les capacités de production solaire permettrait de réduire les émissions de CO2 aussi bien en France qu’en Europe. En effet, chaque kilowattheure d’origine photovoltaïque rajouté au mix énergétique de l’Hexagone se substituerait essentiellement à des sources d’énergies thermiques.

Quel est le véritable impact climatique de l’ajout de capacités de production solaires dans le mix énergétique français ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les cabinets I Care & Consult et Artelys, respectivement spécialisés dans le conseil en stratégie de l’environnement, et dans les solutions en optimisation. Au travers d’une étude réalisée pour le compte du groupe de réflexion France Territoire Solaire, ils démontrent que la hausse des capacités photovoltaïques permettrait de réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) aussi bien en France qu’en Europe. En fait, chaque kilowattheure d’origine solaire rajouté au mix énergétique de l’Hexagone se substituerait pour l’essentiel à des sources d’énergies thermiques, comme le charbon et le gaz.

Interrogations autour de la pertinence du solaire dans un mix énergétique déjà largement décarboné

L’analyse se base sur les objectifs fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) à horizon 2028, comprenant une trajectoire de baisse du nucléaire allant jusqu’à 50% d’ici 2035, tout en développant massivement les énergies renouvelables Mais des interrogations se sont visiblement fait jour : « Etant donné la faible intensité carbone moyenne du mix électrique français, l’impact climat positif de l’ajout de capacités photovoltaïques en France a pu être questionné », peut-on lire dans l’étude. « Ces derniers mois, nous avons pu constater une réapparition dans le débat public, d’une idée reçue selon laquelle accroître la production d’énergie solaire en France ne servirait à rien puisque notre mix électrique est déjà décarboné », abonde Antoine Huard, président de France Territoire Solaire. « Cette idée reçue a été ravivée, volontairement ou involontairement, par certaines affirmations récentes s’appuyant sur des données inexactes ou obsolètes. Pour rappel, il est d’usage de considérer effectivement que la production d’électricité française est largement décarbonée dans la mesure où l’énergie nucléaire, qui pèse à peu près 70% (avec des variations) du mix énergétique, n’émet quasiment rien en termes de dioxyde de carbone.

L’étude explique la méthodologie employée :

« L’analyse, réalisée en comparant deux situations pour le mix électrique correspondant à l’année 2030, reposant sur des hypothèses issues de scénarios publics de référence (PPE…) et différant uniquement par leur capacité photovoltaïque (PV) en France, montre la contribution nette positive de capacités additionnelles de PV en France à la transition climat en France et en Europe ».

C’est donc une simulation de la réaction des réseaux électriques français et européen à l’introduction de capacités solaires supplémentaires qui sert de base à l’étude, laquelle compare les deux variantes prévues dans la PPE en 2030 : les variantes « PV haut » et « PV bas », représentant respectivement 54 GW et 41,5 GW de capacités photovoltaïques installées.

48% de l’énergie produite par des installations solaires nouvelles pourraient remplacer une production d’origine nucléaire

Concrètement, dans une configuration de mix électrique similaire à celui prévu par la PPE, le fait d’augmenter les capacités solaires installées dans l’Hexagone de 12,5 GW (soit 30% de ce que la PPE prévoit comme capacités minimales) permettrait d’éviter, « toutes choses identiques par ailleurs », l’émission d’environ 3,8 millions de tonnes de CO2 chaque année sur le Vieux Continent à l’horizon 2030. Plus précisément, chaque kilowattheure de production solaire supplémentaire ajouté au réseau électrique diminuerait les émissions de CO2 de 238 grammes/kWh, lesquels proviennent de 270 gCO2/kWh évités dans le système électrique français et européen et auxquels on a retiré les 32 gCO2/kWh nécessaires pour fabriquer et installer les systèmes photovoltaïques.

De plus, 52% de l’énergie produite par des installations supplémentaires, ce qui représente 7,4 TWh, se substitueraient à des sources d’énergies thermiques, pendant que les 48% restants pourraient remplacer une production d’origine nucléaire, « bien en-dessous du taux nucléaire actuel dans la production ». Dans le détail, la réduction de l’énergie atomique serait ici de l’ordre de 6,8 TWh, ce qui correspond à moins de 2% de la production nucléaire française dans le scénario dit de référence de la PPE, établi à 381 TWh.

Davantage de solaire pour tempérer le thermique

« A l’heure où la crise sanitaire nous rappelle la nécessité d’être mieux préparés face aux crises à venir et notamment la crise climatique, il est plus que jamais indispensable d’éclairer la décision publique et le jugement des citoyens avec des faits avérés plutôt que des idées reçues. Oui, l’énergie solaire est aujourd’hui un atout incontournable dans la guerre face au changement climatique, partout dans le monde et y compris en France », ajoute Antoine Huard. Ceci dit, l’étude reconnaît que l’énergie solaire ne peut pas tout : « Il est clairement établi que le solaire n’intervient pas directement en remplacement du mix de production moyen mais permet surtout de réduire la production des capacités thermiques, en cohérence avec les analyses récentes de RTE sur l’influence des énergies renouvelables sur les productions des différentes filières ».